Résurgence du Mouvement du 23 mars : quel avenir pour la Région des Grands Lacs africains ?

Catégorie
Date de publication
mai-2023

En vingt-six ans d’existence, l’Institut Interculturel dans la Région des Grands Lacs (Pole Institute) est resté fidèle à sa production semestrielle grâce à l’aménagement d’un espace d’échanges et d’analyses faisant croiser les regards de chercheurs et autres analystes intéressés par la situation politique, économique, sociale et culturelle de la région.

Dans sa constance, la Revue Regards croisés, qui est à sa vingt-cinquième année de production (n° 00 en janvier 1998), se veut un lieu de rencontre entre la tracée d’utopies actives et le corps social en vue d’actions positives et constructives pour une transformation sociale réussie. Ce numéro porte un regard critique sur la crise que traverse actuellement la Province du Nord-Kivu en particulier, et la RDC en général, à cause de la nouvelle guerre imposée à ce pays par le mouvement rebelle M23.

Connaissant une période sécuritaire sombre qui y a motivé l’instauration d’un État de siège, la Province du Nord-Kivu fait encore l’objet des attaques du Mouvement du 23 mars (M23). Dans cette province, notamment dans les Territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, les crépitements des balles et des explosions de bombes assourdissent la population et la contraignent de fuir pour un ailleurs incertain, un ailleurs où vivre à la merci des intempéries est une banalité et où l’offre de services humanitaires est irrémédiablement insuffisante. C’est ailleurs, ce sont les camps des déplacés de guerre. Dans ces camps de malheurs, il y a tout ce qu’il faut pour nourrir le désespoir : des enfants sont hors du circuit scolaire, le viol et la violence basée sur le genre, la faim, etc.

Si la situation dans les camps n’est pas enviable, celle prévalant dans les zones occupées ne l’est pas moins. Là aussi, l’école est suspendue, la vie est devenue monotone est intenable car les marchés sont peu achalandés, les champs constamment dangereux.

La resurgence du M.-23 est troublante ; elle assomme tout un peuple et l’éloigne de la tranquillité tant recherchée prétendument suite à la non-exécution des accords dits du 23 mars 2009 entre le Gouvernement congolais et le Congrès National pour la Défense du peuple (CNDP).

Pourtant, le commun des mortels reste ignorant du contenu et du bien-fondé de ces accords. Et même ceux qui en sont au courant, se demandent, à juste titre, s’il n’y a pas d’autres voies que celle des canons pour recouvrer des droits en République Démocratique du Congo ! Aussi se demande-t-on pour quelles raisons ce qui avait été convenu n’aurait pas été réalisé. Suite à la reprise des hostilités depuis le mois de Mai 2022, la situation sécuritaire est alarmante dans les zones affectées. La reprise des hostilités entre le mouvement rebelle M23 (d’ailleurs officiellement qualifié de terroriste) et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo a provoqué le déplacement des milliers de Congolais, soit à l’intérieur du territoire national, soit alors à l’étranger, notamment en Ouganda. L’image d’un Congo en pleine décomposition est réapparue à travers cette folie sanglante dont le peuple est la première victime. En décembre 2022, l’ONU estimait que le Territoire de Nyiragongo à lui seul avait accueilli plus de 177 400 déplacés de guerre, tandis qu’en Territoire de Lubero, qu’il y aurait 98 000 déplacés, et que 11 000 réfugiés congolais ont élu domicile en Ouganda.

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.